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Titre du blog : Madame Plouche
Auteur : Amanyte
Date de création : 18-09-2008
 
posté le 04-06-2014 à 10:08:53

Le septième continent ...


Le 7e continent, dit comme ça on dirait l'avant-première d'un film ... mais alors d'un très mauvais film, voire d'un film d'horreur.
 

 
Le "7e continent de plastique" est décrit comme une immense plaque de déchets évoluant dans le nord de l'océan Pacifique, de la taille d'un tiers des Etats-Unis ou de six fois la France. Aussitôt se forme à l'esprit l'image d'un gigantesque amas compact de sacs plastiques, bouteilles, filets et autres bidons...
 
En réalité, ce phénomène, qui effraye et fascine à la fois, ressemble plus à une "soupe de plastique" constituée de quelques macro déchets éparses, mais surtout d'une myriade de petits fragments. "L'image d'un continent sert à sensibiliser le grand public, mais ne rend pas compte de la réalité, explique François Galgani, océanographe et chercheur spécialiste des déchets à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer). Il s'agit plutôt d'une multitude de micro-plastiques, d'un diamètre inférieur à 5 mm, en suspension à la surface ou jusqu'à 30 mètres de profondeur, difficiles à voir de loin. Mais quand on puise dans l'eau, on en remonte une quantité impressionnante." 
 

 

Profondeur et durée de décomposition des déchets ... c'est ainsi que l'on perçoit tout l'égoïsme de notre société qui produit un cadeau empoisonné pour le monde futur ...  

  
En 2013, une mission scientifique française, l'expédition 7e continent, s'est rendue sur place afin d'étudier ce gyre nord-pacifique. L'expédition 7e continent en détail ici.
 

  
Sur des mesures effectuées en 2001 et en 2007, la masse de particules plastiques était six fois supérieure à la masse de zooplancton.
Les déchets plastiques ont une longévité qui peut atteindre plusieurs centaines d'années ; au fil du temps, ils se désagrègent sans que leur structure moléculaire change d'un iota. C'est ainsi qu'apparaissent des quantités colossales d'une sorte de « sable de plastique » qui, pour les animaux, a toutes les apparences de la nourriture. Ces plastiques, impossibles à digérer et difficiles à éliminer, s'accumulent ainsi dans les estomacs des poissons, des méduses, des tortues et oiseaux marins. Par ailleurs, ces débris de plastique agissent comme des éponges, fixant des polluants organiques persistants (POP) dans des proportions plusieurs millions de fois supérieures à la normale, comme le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane, un pesticide) (ouh la ça me dit quelque chose ça ... arf)  ou les PCB (polychlorobiphényles), des produits extrêmement toxiques.
 
La localisation de cette plaque s’explique par un phénomène de vortex ou tourbillon, c’est-à-dire de courants qui font converger vers cette zone les déchets flottants et par l’absence de vents qui engendre l’accumulation de ceux-ci, constituée de tout ce qui peut flotter, qui n’est pas biodégradable et en plastique, allant de la brosse à dent jusqu’aux filets de pèche fantôme, mais aussi de millions de morceaux microscopiques de plastiques.
 

  
Les effets en cascade peuvent s'étendre et toucher l'homme, via la chaîne alimentaire par le phénomène de bioaccumulation. Greenpeace estime qu'à l'échelle de la Terre, environ 1 million d'oiseaux et 100 000 mammifères marins meurent chaque année de l'ingestion de plastiques. L’impact sur la faune marine est dramatique. D’une part, ces déchets flottants, avec l’effet du sel, des ultraviolets, des mouvements de l’eau, ont une tendance naturelle à se fragmenter en des millions de morceaux parfois de taille microscopique. Ceux-ci sont alors ingérés, par les oiseaux, tortues ou autres animaux marins – on a ainsi retrouvé dans l’estomac de tortues près d’Hawaii plus de mille débris, causant intoxications, empoisonnements, oclusions intestinales Les morceaux de plastiques ingérés, sont de véritables éponges à polluants persistants POP, ils affectent toute la chaîne alimentaire et sont un danger pour la santé humaine.

D’autre part, les « macro déchets » sont la cause de dégâts importants, par effet « d’emmêlement » causant blessures, infections ou mutilations sur l’ensemble des animaux, des plus petits aux baleines traînant des filets de pèche entiers… On peut ainsi estimer que ce sont plus d’un million d’oiseaux qui meurent par an à cause des débris plastiques et plus de cent mille cétacés.
 
Au total, plus de 267 espèces marines seraient affectées par cet amas colossal de déchets ... consternant, terrible avenir, constat accablant de ce que l'on va laisser aux générations futures.